la longue paume aux Jeux
Les jeux de balle à la main, connus dès l’Antiquité, ont ensuite été pratiqués en France pendant des siècles, et plus particulièrement à Paris où l’on joue à la paume depuis le Moyen Âge. Au fil du temps le jeu de paume se divisa entre la courte paume qui se joue en salle, et la longue paume qui se joue en plein air. Courte et longue paume sont les ancêtres du tennis qui en gardé certaines des règles et expressions (1) !
La longue paume se pratique sur des terrains de 60 à 80 mètres de long et de 12 à 14 m de large. La raquette à long manche, avec un petit tamis, et la balle de 15 à 20 grammes en liège recouverte de molleton, donc très sensible au vent, impliquent force et adresse.
A la fois sport individuel et d’équipe, les parties se jouent en 1 contre 1, 2 contre 2, 4 contre 4; la ligne médiane (« corde ») ou la zone neutre en simple ou en double, tient lieu de filet. La partie se joue en cinq jeux, constitués de « quinze», formule reprise par le tennis (15, 30, 40, Avantages). En 6 contre 6 (parties « terrées »), la « corde » n’intervient que pour le service, la balle pouvant être renvoyées à terre.
Le service (le « tir ») est placé contre le vent, assurant ainsi un équilibre entre les deux camps. Les échanges se poursuivent de volée ou au premier bond. Toute faute est sanctionnée par un « quinze ».
Mais on peut aussi faire des « chasses », en arrêtant la balle après le deuxième bond et en marquant la « chasse » à la hauteur où la balle a été arrêtée. Le point est alors suspendu et ne sera acquis que lorsque les joueurs auront changé de côté et disputeront à nouveau ce coup, en envoyant la balle au niveau de la « chasse » et, dans la défensive, en l’empêchant de l’atteindre. Le changement de côté se fait lorsqu’il y a deux « chasses » (ou une seule si l’un des camps est à 40 ou Avantage). Le principe de la « chasse » permet de multiples combinaisons et introduit ainsi tactique et finesse dans un sport très athlétique ; elle a donné une belle expression à la langue française : « Qui part à la chasse perd sa place »!
Raquettes et balles de longue paume
La longue paume se joue aujourd’hui en France dans la Somme, l’Oise et à Paris (sur le terrain du jardin du Luxembourg). La Fédération Française compte plus de 1000 licenciés.
Dès 1892 sont organisés les premiers championnats de paume; à cette date est créé le Bouclier de Brennus pour récompenser les vainqueurs du Championnat de Longue Paume en parties terrées de première catégorie. C’est le baron de Coubertin qui conseilla d’abord cette année-là à la Commission Centrale de Rugby de prendre contact avec le graveur Charles Brennus….et il en fit de même avec la Commission de Longue paume ! De sorte que les deux fédérations continuent encore aujourd’hui de récompenser leurs champions de France avec ces mêmes boucliers.
Au fameux Congrès International de 1894 à Paris pour le rétablissement des Jeux Olympiques, à la suite de la séance solennelle d’ouverture à la Sorbonne, les festivités commencèrent le dimanche 17 juin par des championnats « vélocipédiques » et par un Championnat de Longue paume au Jardin du Luxembourg, sur le terrain actuel.
Le congrès international de 1894 pour le rétablissement des Jeux Olympiques
Lors de l’Exposition Universelle à Paris de 1900, le commissaire général de cette exposition, Alfred Picart, décide d’organiser en parallèle des « Concours internationaux d’exercices physiques et de sports ». Les épreuves de dimension internationale ont été qualifiées d’olympiques à posteriori par le baron Pierre de Coubertin. Ces concours internationaux étaient divisés en dix sections. La première section dénommée « Jeux athlétiques » comprenait notamment la Longue Paume aux côtés d’autres sports tels que les courses à pied, les différents concours (sauts, lancement du poids et du disque), le football rugby et le football association, le lawn-tennis, le croquet, etc.
Les concours de longue-paume se sont déroulés au Jardin du Luxembourg le 27 mai et le 10 juin 1900, sur le terrain de la Société de Longue Paume de Paris, chargée de leur exécution. Ces concours ont été un succès pour la longue paume elle-même ; les sociétés de province ont accouru en nombre considérable à l’appel de Paris. Quatorze équipes de deuxième catégorie et quinze de première catégorie ont pris part au championnat. « Le terrain du Luxembourg avait été orné et préparé on ne peut mieux pour la réception des sociétés de province. Un grand et vaste vestiaire avait été obligeamment prêté par la questure du Sénat. Enfin, le temps lui-même a tenu à donner son concours à cette belle fête sportive et les joueurs n’ont eu guère à se plaindre que d’une chose : c’est que le temps fut trop beau et la chaleur trop ardente ». On retiendra la victoire de Paris en parties enlevées (Desbordes, Raynal, Meniere et L.Buffard), et celle de Valenciennes en parties terrées. Le Baron de Coubertin a fini par donner l’appellation de Jeux Olympiques dans l’indifférence générale à tous ces concours sportifs.
Ce sera la première et la dernière apparition de la longue paume dans une compétition olympique.
En 1904, à Saint Louis (USA) la paume est absente et en 1908, aux Jeux de Londres, seule la Courte Paume sera jouée, Jay Gould (USA) battant en finale Eustace Miles (Royaume Uni).
En 1924, lors des Jeux Olympiques qui se déroulent à Paris, ce sport ne fait pas partie du programme des JO mais la Fédération Française de Longue Paume décide de faire jouer tous ses Championnats de France au jardin du Luxembourg à la même période. Un très nombreux public, français et étranger, s’est alors s’intéressé à ses manifestations, auxquelles quatre-vingt-neuf équipes prirent part entre le 15 juin et le 17 août : « Sous les hautes frondaisons du Luxembourg, les abords du jeu de paume fourmillent de monde…. Il règne une atmosphère tendue digne des grands stades. Les paumistes n’ont pas l’habitude de voir sur leur terrain les hautes sommités sportives. ».
La longue paume au Jardin du Luxembourg au début du XXème siècle. Deux champions de l’équipe de Paris, Louis Buffard et Maurice Michel.
- Bourgeois M, Fontaine JM, Guerout P, La Société de Longue Paume de Paris – 150 ans d’histoire dans le jardin du Luxembourg (1853 – 2013)